Résistance aux antimicrobiens : l’Afrique pourrait perdre plus de 1350 milliards de dollars de PIB d’ici 2050

Résistance aux antimicrobiens : l’Afrique pourrait perdre plus de 1350 milliards de dollars de PIB d’ici 2050
L’usage abusive des antimicrobiens, l’automédication constituent un véritable danger pour la santé de l’homme, des animaux et des végétaux. Malgré les efforts d’interpellations, les chiffres d’overdose en Afrique et dans le monde deviennent une affaire préoccupante. D’où la nécessité de faire front commun face à cette menace. L’occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (WAAW) qui se tient à Yaoundé, dont le lancement officiel était hier, 18 novembre, a permis au Ministre de l’élevage des pêches et de l’industrie animal Dr. Taïga d’effectuer un SOS pour tous.
Chaque année, plus de 700 000 décès dans le monde sont attribués à des infections résistantes aux médicaments. L’Afrique représente l’un des principaux points chauds. Dans certains pays africains, plus de 70 % des antibiotiques sont utilisés pour le bétail, souvent sans contrôle vétérinaire. Ce qui accroit le risque de propagation de bactéries résistantes à l’homme. Selon les prévisions d’ici 2050, la résistance antimicrobienne pourrait causer 4,1 millions de décès par an en Afrique si aucune mesure n’est prise soit 102 ,5 millions de décès en 25 ans. Cependant, moins de 50 % des pays africains ont pleinement mis en œuvre des plans d’action nationaux de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, ce qui indique des lacunes importantes dans les mesures prises. Le thème « éduquer, promouvoir, agir maintenant » retenu pour cette 6ème édition, a de ce fait, une résonnance particulière. Il est donc selon le ministre camerounais de l’élevage, des Pêches et des Industries animales Dr. Taïga, impératif d’unir les efforts et collaborations à tous les niveaux pour sensibiliser, éduquer tous les acteurs, y compris les communautés à agir. « Nous devons promouvoir une bonne compréhension des bonnes pratiques d’utilisation des antimicrobiens dans tous les secteurs et les domaines d’activité concernés. Ainsi que la bonne pratique liée à la sécurité, à la prévention et de contrôle des infections.» indique t’il. Cela inclut le renforcement de la surveillance dans les différents secteurs pour détecter, et gérer efficacement les situations de résistance aux anti microbiens. Cela implique également, le renforcement Des capacités des acteurs et des laboratoires de diagnostic, l’organisation des campagnes de sensibilisation auprès du grand public, le soutien à la recherche pour le développement des nouvelles stratégies thérapeutiques et des alternatives à l’usage des antimicrobiens. De même, la mise en place des politiques claires et efficaces pour réglementer l’usage des antimicrobiens et des produits phytosanitaires.
Il est crucial de souligner que la lutte contre la résistance aux antimicrobiens nécessite une collaboration multi sectorielle selon l’approche une santé. « Je fais appel à tous les acteurs, gouvernements, institutions de santé, secteurs privés, communautés et partenaires au développement. Ensemble, nous pouvons faire la différence. Chacun de nous a un rôle à jouer pour endiguer cette menace mondiale en ce sens, de façon plus spécifique : Médecin, pharmacien, vétérinaire et pratiquant de tout ordre, je vous encourage à collaborer. À partager vos connaissances, votre expérience, et vos bonnes pratiques qui contribueront à planifier des actions et à mettre en œuvre des solutions durables…» argue le Dr Taïga.

Du 16 au 22 novembre 2024, à Yaoundé au Cameroun, le gouvernement du Cameroun en collaboration avec le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CACM/Africa CDC), le Bureau interafricain des ressources animales de l’Union Africaine (AU-IBAR), I’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vont à travers la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (WAAW) ; réunir des décideurs, des experts et des jeunes dans le cadre d’une série d’activités percutantes visant à sensibiliser et à mobiliser pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens (RAM) sur l’ensemble du continent. Tout au long de la semaine, les temps forts comprendront : un tournoi de football pour les jeunes, pour les sensibiliser aux dangers de la résistance aux antimicrobiens ; des visites de terrain, le jeudi 21 novembre, sur des sites de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et dans des exploitations agricoles. Ces événements vont offrir un aperçu unique de la lutte régionale contre la résistance aux antimicrobiens et des initiatives mises en œuvre pour faire face à cette crise sanitaire urgente.
En rappel, la résistance aux antimicrobiens est due à l’utilisation excessive des antibiotiques dans tous les secteurs. Leur surutilisation par les humains, les animaux et dans l’agriculture accélère la résistance, ce qui a un impact sur la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et la santé publique. L’Afrique est particulièrement vulnérable aux effets de la résistance aux antimicrobiens en raison du nombre élevé de maladies infectieuses, de l’insuffisance des infrastructures de soins de santé et de l’utilisation abusive des antimicrobiens.
La réponse de l’Afrique à la RAM nécessite une approche« Une seule santé» : la collaboration entre les secteurs humain, animal et environnemental est indispensable pour contrôler la RAM et protéger la santé publique. Il est donc essentiel d’investir d’urgence dans la surveillance, la réglementation et la sensibilisation du public. Le renforcement des capacités de détection de la RAM, de gestion des antibiotiques et de sensibilisation peut freiner la propagation de la résistance.