Cameroun: Quand l’occupation anarchique des sols et la corruption menace la mangrove à Kribi

Cameroun: Quand l'occupation anarchique des sols et la corruption menace la mangrove à Kribi 1

La ville de Kribi fait face à une montée inquiétante de l’occupation  anarchique de son sol, qui menace à la fois le milieu terrestre, marin et aquatique dont la mangrove, qui joue un rôle important dans la stabilisation de la biodiversité. Malgré les lois en vigueurs au Cameroun, ce milieu naturel subit une agression, qui menace son extinction et des espèces qui y vivent.

Du fleuve NYONG à la frontière avec le département de la Sanaga maritime, à Campo, c’est un peu plus de 130 kilomètre de côte que compte le chef lieu du département de l’Océan, avec les arrondissements de LOKOUNDJE et CAMPO. Un vaste territoire, terrestre, marin et aquatique, qui abrite un champ important de mangrove. Si dans les milieux ruraux, la faible densité de la population impacte très peu la vie de ce milieu, dans le centre urbain de la cité touristique, le boom démographique, et ses conséquences menacent de plus en plus la survie de ce milieu naturel.

En effet, ces dix dernières années du faite de l’implantation de plusieurs projets structurant à l’instar de son port en eaux profonde ou de la centrale à gaz, la ville connait un boom démographique, avec ses conséquences sur la forte demande, d’occupation des sols, qui, malheureusement entraine, une occupation anarchique, des espaces dans le non respect de la règlementation en vigueur, en matière de protection des espaces verts. Face à la rareté des espaces disponibles, les populations se ruent vers, ces espaces, dit protégés pour répondre à leur besoin.

De Bwambè à Londji, en passant par Mboa Manga, Dombè,  ou encore MPALLA, l’on dénombre de plus en plus des espaces, jadis occupés par la mangrove, qui ont cédé place à des bâtis de tout genre. Il y a quelque mois encore, dans la localité de Mpalla, le maire de la ville Guy Emmanuel SABIKANDA va faire stopper, les travaux d’un chantier, sur un espace non loin d’un champ de mangrove. Certains citoyen accusent, la corruption, comme un des facteurs favorisant, la vente de ces espaces. Martial, c’est le nom d’emprunt que nous donnons, à notre interlocuteur rencontré sur un des sites, en plein chantier.

Il nous conduit à Londji, localité située à peu prêt 10 kilomètre du centre ville où il réside. « Vous voyez, sur ces espaces où sont implantées ces maisons, se trouvait un grand champ de mangroves, quand nous étions petit, à certain moment de l’année, nous venions ici pécher du poisson d’eaux douces. » nous montre t-il avant d’ajouter sur l’impuissance des populations à lutter contre agression sauvage de la nature  » Que voulez vous qu’on fasse? Nous on y peut rien, la plupart des personnes qui construisent ici, vous brandissent des papiers de titre et permis de bâtir délivrés par les services compétents, vous voulez que nous à notre niveau fassions quoi? Pour la plupart ce sont des gros poissons, des gens lourds ou bien positionnés, que peut le pauvre pêcheur que je suis? »

A Kribi c’est un phénomène de plus en plus récurent, de voir des espaces qui jadis servaient à maintenir l’équilibre de la nature, par la conservation de la biodiversité, devenir, des cimetières des espèces qui se font de plus en plus rare, au grand dame de la nature et des populations elles-mêmes. Et pourtant la ville de Kribi ne semble pas épargnée des conséquence d’une telle négligence envers la nature. l’impact est de plus en plus visible au niveau des côtes frappées par la poussée de la mer, qui ne trouve malheureusement plus d’obstacle sur son chemin. A coté la rareté de certains espèces halieutiques, pourtant prisés sur le marché.

Aujourd’hui l’un des défis est de redonner vie à ces espaces occupés, au mieux, préserver ceux qui peuvent l’être encore, à travers des actions de sensibilisation et d’éducation des populations sur la nécessité de protéger la nature. Mais il n’y a pas que, il faut également mener une répression contre les citoyens indélicats pris en flagrant d’occupation de ces espaces protégés. Pour cela, l’on fait appel à l’activation des lois et conventions internationales en vigueurs, en matière de préservation et de protection des espaces menacés. Mais pas que, veiller au respect de plan d’urbanisation de la ville. Ajouter à cela, la lutte contre la pauvreté qui expose les populations, aux ventes de ces espaces.